Codename One : le framework multiplateforme réservé aux développeurs Java ?

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  • AuteurCarl-Stéphan Parent

Temps de lecture : environ 10 minutes.

 

Quel framework crossplatform choisir ? Vous vous posez cette question car vous souhaitez développer une application mobile multiplateforme, qui peut fonctionner sur plusieurs systèmes d'exploitation sans multiplier les efforts de développement et sans compromettre la performance ou l'expérience utilisateur. Comment identifier le bon outil pour vos besoins spécifiques ? Quels scenarii d'utilisation peuvent bénéficier de Codename One ? Et surtout, comment cette solution peut-elle s'intégrer à votre organisation et à vos pratiques de développement ? Dans cet article, nous explorerons en profondeur Codename One, un framework Java pour le développement d'applications mobiles multiplateformes, en analysant ses fondements techniques, son installation et sa configuration, la création d'interfaces utilisateurs, l'accès aux API natives, la gestion des performances et de la compatibilité, les bonnes pratiques et patterns, ainsi que des exemples concrets de projets réussis. Vous découvrirez ce qu'il faut retenir, des scenarii détaillés d'utilisation, des conseils pratiques pour chaque étape de votre projet, et comment tirer parti des fonctionnalités avancées pour maximiser l'efficacité et la satisfaction des utilisateurs.

 

Ce qu’il faut retenir à propos de Codename One :

  • Codename One permet de créer des applications mobiles multiplateformes à partir d'une base de code unique ;
  • Le framework a été pour la première fois présenté en janvier 2012 par ses créateurs, Shai Almog et Chen Fishbein, tous deux anciens ingénieurs d'Oracle et co-fondateurs du projet LWUIT (Lightweight User Interface Toolkit) ;
  • Le framework s'appuie sur Java et offre un ensemble complet d'API pour interagir avec les composants natifs ;
  • L'installation et la configuration sont simples et compatibles avec les principaux IDE comme IntelliJ, Eclipse et NetBeans ;
  • La gestion des interfaces utilisateur repose sur un système de composants et de containers modulables ;
  • Codename One propose des outils pour compiler, tester et déployer sur Android, iOS et sur le web ;
  • Les performances sont optimisées grâce à la compilation native et à la gestion des ressources ;
  • Des scenarii d'utilisation variés incluent les applications de chat, les outils de productivité et les applications éducatives.

1. Le rôle technique de Codename One dans le développement multiplateforme.

1.1. La philosophie WORA : "Write Once, Run Anywhere".

1.1.1. Principes fondateurs.

Codename One repose sur l'idée souvent énoncée mais rarement réalisée qu'une application peut être développée une seule fois et déployée sur différents systèmes d'exploitation sans modification majeure. 

Cet objectif consiste à réduire le temps de développement et les coûts tout en maintenant une cohérence fonctionnelle et visuelle entre les plateformes. 

Pour y parvenir, le framework traduit le code Java en code natif pour Android, iOS et pour le web, afin de garantir une intégration harmonieuse avec chaque système.

Codename One utilise notamment son propre moteur de rendu (basé sur une machine virtuelle légère pour Java) pour garantir une cohérence visuelle sur toutes les plateformes, y compris pour l'interface utilisateur.

1.1.2. Avantages de l'approche multiplateforme :

  • Réduction des coûts de développement et de maintenance ;
  • Uniformité de l'expérience utilisateur sur toutes les plateformes ;
  • Accélération du cycle de mise sur le marché ;
  • Facilité de gestion des mises à jour et des correctifs ;
  • Compatibilité avec les pratiques de CI/CD existantes.

1.2. Cas d'utilisation et scenarii typiques.

  • Développement d'applications d'entreprise qui nécessitent un accès uniforme aux fonctionnalités mobiles ;
  • Création d'applications éducatives interactives sur plusieurs appareils ;
  • Déploiement d'outils de productivité pour une base d'utilisateurs diversifiée ;
  • Prototypage rapide d'applications avec validation utilisateur avant le développement natif ;
  • Dans une moindre mesure, intégration d'applications commerciales nécessitant un support iOS et Android simultané.

2. Installation et configuration.

2.1. Prérequis et environnement.

Pour exploiter Codename One, il faut disposer d'un environnement Java récent et d'un IDE compatible comme IntelliJ IDEA, Eclipse ou NetBeans. L'installation du plugin Codename One dans l'IDE choisi est la première étape par laquelle il faut impérativement passer pour créer et gérer vos projets. 

2.2. Création d'un projet.

  1. Ouvrir l'IDE et installer le plugin Codename One ;
  2. Créer un nouveau projet Codename One via l'assistant ;
  3. Configurer les options de projet, y compris le nom, le package et le type d'application ;
  4. Ajouter les bibliothèques nécessaires et gérer les dépendances ;
  5. Lancer un premier build pour valider l'installation et le bon fonctionnement du projet.

2.3. Gestion des scenarii de compilation.

  • Compilation pour Android ;
  • Compilation pour iOS ;
  • Compilation pour le web via le convertisseur JavaScript ;
  • Tests unitaires et fonctionnels dans chaque environnement ;
  • Débogage avec outils natifs pour chaque plateforme ;
  • Déploiement direct sur appareils physiques ou émulateurs.

3. Création d'interfaces utilisateur.

3.1. Architecture des composants.

Codename One propose un ensemble de composants graphiques modulables. Chaque interface est construite à partir de containers et de composants visuels comme les boutons, labels et listes. L'organisation de ces composants détermine la mise en page et l'interaction utilisateur.

3.2. Gestion de l'interactivité.

  • Association d'événements aux composants ;
  • Gestion des transitions entre les vues ;
  • Personnalisation des thèmes et styles ;
  • Utilisation des animations pour améliorer l'expérience ;
  • Accessibilité et navigation clavier et tactile ;
  • Support des gestuelles multi-touch et des capteurs intégrés.

3.3. Scenarii d'utilisation avancés.

  • Création d'une interface de chat interactive ;
  • Mise en place d'un tableau de bord de productivité ;
  • Développement d'une application éducative avec tests et quiz ;
  • Intégration de cartes et de géolocalisation ;
  • Adaptation des interfaces aux différentes résolutions d'écran ;
  • Personnalisation avancée via thèmes et CSS-like ;
  • Gestion des ressources multimédia pour optimiser la performance.

4. Accès aux API natives.

4.1. Introduction aux API natives.

Codename One expose les fonctionnalités du système natif via des API standardisées, permettant l'accès aux capteurs, notifications, stockage local et services réseau. Cela offre la possibilité d'utiliser des fonctionnalités avancées tout en conservant une base de code unique.

4.2. Exemple de scenarii.

  • Accès aux contacts et calendrier ;
  • Utilisation de la caméra et du microphone ;
  • Gestion de notifications push ;
  • Stockage sécurisé et chiffrement ;
  • Intégration avec les services cloud et API externes ;
  • Suivi des performances et journalisation.

5. Optimisation des performances et compatibilité.

5.1. Techniques d'optimisation.

  • Minification et compression des ressources ;
  • Utilisation de threads pour les opérations lourdes ;
  • Gestion intelligente de la mémoire et des images ;
  • Compilation native pour chaque plateforme ;
  • Suivi des performances via outils de profiling ;
  • Test sur émulateurs et appareils physiques pour détecter les anomalies ;
  • Ajustement des scenarii d'interaction pour fluidité optimale.

5.2. Gestion des compatibilités.

  • Détection des versions de système d'exploitation ;
  • Adaptation des fonctionnalités selon la plateforme ;
  • Test et validation des interfaces sur différents appareils ;
  • Gestion des permissions et des accès API ;
  • Mise à jour continue et maintenance du code base ;
  • Déploiement progressif pour vérifier la stabilité.

6. Bonnes pratiques et patterns de développement.

6.1. Structuration du projet.

  • Organisation des packages et modules ;
  • Séparation claire entre logique métier et interface utilisateur ;
  • Mise en place de tests unitaires et d'intégration ;
  • Documentation claire et à jour ;
  • Utilisation de gestionnaires de dépendances et plugins ;

6. Versioning du code pour suivi des évolutions.

6.2. Patterns recommandés.

  • Modèle MVC (Model-View-Controller) ;
  • Singleton pour les ressources partagées ;
  • Observers pour les événements utilisateur ;
  • Factory pour la création de composants ;
  • Adapter pour gérer la compatibilité multiplateforme ;
  • Builder pour construction d'interfaces complexes.

7. Codename One face aux autres frameworks multiplateformes

Pour mieux positionner Codename One, il est utile de le comparer aux leaders du marché (React Native, Flutter) et à l'approche Kotlin Multiplatform (KMP), en se concentrant sur les différences clefs.

7.1. Comparaison par langage, performance et approche UI.

Codename One se distingue principalement par son langage : il est centré sur Java (ou Kotlin), s'adressant tout spécifiquement aux vastes communautés de développeurs Java existantes. 

Cette approche contraste fortement avec les autres acteurs : React Native s'appuie sur JavaScript (ou TypeScript) bénéficiant de l'écosystème web massif ; Flutter utilise Dart, un langage moins répandu mais soutenu par Google ; et Kotlin Multiplatform (KMP) utilise Kotlin, un langage moderne mis au point par JetBrains (et soutenu officiellement par Google !).

Concernant l'approche de l'interface utilisateur (UI), Codename One est unique : il utilise son propre moteur de rendu basé sur une machine virtuelle légère pour dessiner des composants customisés, afin de garantir une cohérence visuelle parfaite sur toutes les plateformes, y compris pour l'interface utilisateur. 

En revanche, React Native repose sur un "pont" JavaScript pour interagir avec les composants natifs de l'OS. Flutter est connu pour son moteur de rendu Skia qui dessine l'UI entièrement à partir de zéro, offrant une grande fidélité de design. KMP, lui, se concentre historiquement sur le partage de la seule logique métier, laissant l'UI entièrement native (par exemple via SwiftUI ou Jetpack Compose/XML), bien que l'option de partage de l'UI (Compose Multiplatform) se développe rapidement.

En matière de performance et de taille des applications, Codename One excelle en produisant des binaires très compacts et des démarrages rapides grâce à sa compilation native ou à l'utilisation de sa VM légère. KMP est également très performant, souvent considéré comme le plus proche des performances natives avec des binaires très légers car il ne partage que la logique. React Native et Flutter, bien que rapides, ont des binaires plus lourds en raison de l'inclusion de la VM JavaScript ou du moteur Skia, respectivement.

Enfin, l'accès aux API natives est relativement simple dans Codename One (via des classes Wrapper Java) et se veut direct dans KMP. Il est, en revanche, souvent plus complexe dans React Native et Flutter, nécessitant la mise en place de "Platform Channels" ou de "Native Modules" avec plus de configuration et un fonctionnement asynchrone.

7.2. Points de différenciation clefs de Codename One.

  • Focus Java/WORA pur : Codename One est l'une des rares solutions "Write Once, Run Anywhere" qui permet aux développeurs Java de réutiliser massivement leur expertise sans avoir à apprendre un nouveau langage (comme Dart pour Flutter, ou JavaScript pour React Native) ;
  • Compilation native : contrairement à React Native (qui utilise une VM JavaScript) ou aux frameworks web hybrides, Codename One compile le code Java en code natif ou l'exécute sur une VM très légère, ce qui assure des performances quasi-natives et des binaires très compacts (souvent parmi les plus petits) ;
  • Indépendance de l'UI : l'interface utilisateur est construite avec les propres composants de Codename One, ce qui garantit une cohérence visuelle parfaite sur toutes les plateformes sans dépendre des changements des composants UI natifs de Google (Android) ou Apple (iOS).

7.3. Informations complémentaires sur Codename One.

  • Année de lancement : annoncé initialement en janvier 2012 ;
  • Créateurs principaux : Shai Almog et Chen Fishbein ;
  • Version actuelle : le framework est maintenu activement, avec des mises à jour fréquentes. la version majeure est la 7.0 (publiée en février 2021 tout de même...) avec des versions mineures régulières (par exemple : 7.0.208) ;
  • Communauté : bien qu'elle soit plus petite que celles de Flutter ou React Native, elle est très active, en particulier auprès des développeurs Java d'entreprise. Codename One revendique plus de 40 000 développeurs utilisant l'outil et des millions d'applications installées.

 

Codename One offre une solution puissante et flexible pour le développement d'applications mobiles multiplateformes, permettant d'optimiser le temps et les ressources tout en garantissant une expérience utilisateur cohérente. Les principes fondamentaux, l'accès aux API natives, la gestion des interfaces et l'optimisation des performances constituent un socle solide pour tout projet. L'intégration dans votre organisation, la mise en place de bonnes pratiques et l'exploration de scenarii variés illustrent la polyvalence du framework. Comment adapter ces principes à votre projet spécifique ? Quels scenarii pourraient bénéficier le plus de cette approche ? Et comment cette solution s'inscrit-elle dans votre stratégie globale de développement ?

 

FAQ.

Questions-réponses concernant qu’est-ce que Codename One.

  • Qu’est-ce que Codename One et pourquoi l’utiliser ? Codename One est un framework Java qui permet de développer des applications mobiles multiplateformes à partir d’une base de code unique ;
  • Quels systèmes d’exploitation sont supportés ? Android, iOS et le web ;
  • Faut-il connaître Java pour utiliser Codename One ? Oui, le framework repose sur Java et sa connaissance est indispensable pour une utilisation efficace et avancée du potentiel du framework ;
  • Peut-on accéder aux fonctionnalités natives des appareils ? Oui, grâce aux API natives standardisées par Codename One ;
  • Comment gérer les performances sur différentes plateformes ? En optimisant les ressources, en compilant le code natif et en testant sur plusieurs appareils ;
  • Codename One est-il adapté aux applications complexes ? Oui, il permet de gérer des scenarii complexes et des interfaces utilisateurs riches ;
  • Quels sont les outils pour tester et déployer une application Codename One ? L’IDE choisi, les émulateurs, les appareils physiques et les services de compilation cloud.

 

 

Sources :

  • Shai Almog, "Codename One Developer Guide" in Codename One Developer Guide (03/10/22) https://archive.org/details/codename-one-developer-guide.
  • Steve Hannah, "Codename One with Steve Hannah" in Software Engineering Daily (02/01/22) [https://softwareengineeringdaily.com/2022/01/02/codename-one-with-steve-hannah/] ;
  • Shai Almog, "Codename One Academy Archive - Free Online Courses" in DEV Community (09/08/22) [https://dev.to/codenameone/series/19245] ;
  • Codename One Team, "Codename One Getting Started" in Codename One (27/09/16) [www.codenameone.com/getting-started.html] ;
  • Codename One Team, "Codename One Developer Guide" in Codename One (27/09/16) [www.codenameone.com/developer-guide.html] ;
  • Codename One Team, "Comparing Cross-Platform Frameworks" in Codename One (27/09/16) [www.codenameone.com/compare.html] ;
  • Codename One Team, "Codename One Academy Archive - Free Online Courses" in Hashnode (2017–2019) [https://codenameone.hashnode.dev/series/cn1].
  • Codename One Team, "Hello World Video Tutorial" in Codename One (27/09/16) [www.codenameone.com/blog/build-apps-with-java-for-ios-android-tutorials-resources.html] ;
  • Codename One Team, "Codename One Reference Guide" in Scribd (27/09/16) [https://www.scribd.com/doc/300428637/Codename-One-Reference-Guide] ;
  • Codename One Team, "Codename One Developer Guide" in Codename One (27/09/16) [www.codenameone.com/files/developer-guide.pdf].